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L'évolution de la caricature en France
L'évolution de la caricature en France
  • Bonjour! Nous sommes trois élèves de première littéraire de l'Institution Notre Dame (Valence). Ce blog est une production pour les T.P.E. dont la note comptera pour les épreuves anticipées du baccalauréat. Bonne visite! (Groupe 2.)
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15 février 2012

La caricature au XIXème siècle.


La caricature au XIXème siècle.

 

I - L’épopée Napoléonienne

                                  → A partir du couronnement de l’empereur Napoléon Ier en 1804, la presse est censurée. Aucunes critiques ou caricatures, mettant en scène le nouveau dirigeant français ou ses action, ne sont tolérées.  On sait toutefois que la caricature anti-napoléonienne se développe  dans les pays opposés à sa politique,  le principal étant l'Angleterre. Voici un exemple :

048Napoléon Ier est ici représenté comme un homme insatiable. Il en veut toujours plus. Il se prépare à déguster tous les plats qui lui sont proposés. On constate qu’ils sont marqués des noms de pays que l’empereur a déjà conquis. Cependant il leur tourne le dos pour fixer le roast-beef, soit les terres anglaises, tout en préparant son couteau afin de le «déguster». Cette caricature dénonce donc cette appétit de toujours en vouloir plus, particulière à Napoléon Ier.

Mais revenons en France.  Comme précédemment dit, la caricature du chef de l’empire est interdite, sous peine de graves sanctions, comme l’emprisonnement voir la mort. Cependant lors de sa chute, la production reprend de plus belle. Les dessins satiriques explosent entre 1814 et 1815 mais s’arrêteront rapidemment à partir d’octobre 1815.

 

Du haut en bas

Du haut en bas... ou les causes et les effets Anonyme (1814)

 Cette satire représente Napoléon sur des échasses. Il passe du château de Madrid à celui de Moscou et perd un globe et son sceptre. On reconnait le château de Fontainebleau au dernier plan. Cette caricature, dans un certain sens pourrait être relié à celle vu précédemment puisque la encore on nous expose ce côté « toujours plus » de Napoléon. Il navigue entre toutes ses conquêtes et finit par tomber. Cela fait écho à l’évènement majeur de 1814, l’abdication de l’empereur. C’est la chute de l’aigle.

En voici d’autres :

  Img150

Les habitants de St Hélène prennent la fuite à la vue de leur nouveau souverain. Lacroix

« Chevauchant un chat, le maréchal Ney, Napoléon se pose en libérateur des rats de Sainte-Hélène, dont l’armée s’apprête à combattre. Libération ou invasion, voilà toute la question que suscite cet ensemble de caricatures mettant en scène les chats et les rats, selon les principes de la fable. En fait, la duplicité du chat, et donc de Napoléon est manifeste : Ney s’apprête à se « remplumer », c’est-à-dire à croquer les rats. »

Source : http://www.napoleon.org/fr/hors_serie/caricatures/caricatures6.htm

 435209_1C’est la cravate de papa. Lacroix

 Celle-ci montre le roi de Rome, le fils de Napoléon Ier tendant une corde, surnommé la cravate, à un buste de Napoléon ornée d’oreilles de diable. Cette corde reflète le souhait de certain, voulant la mort de l’ancien empereur.

 

II - La Monarchie de Juillet

                                  → De 1830 à 1835, la monarchie de Juillet fraichement mise en place, tente de maîtriser les mouvements de la rue et les contestations politiques. Mais le principal ennemi de ce régime est bien sûr la presse. Les journaux, en pleine croissance, profitent de leur nouvelle liberté, stipulée dans la Charte de 1830 : « Le droit des Français de publier et de faire imprimer leurs opinions en se conformant aux lois ». A parti de 1830 donc, sous le règne de Louis-Philippe Ier, la liberté d’expression est libre comme jamais et c’est le 4 novembre de cette même année que paraissent les premières pages du journal satirique « La Caricature », sous le titre La Caricature morale, religieuse, littéraire et scénique. Il fut fondé et dirigé par Charles Philipon jusqu'en 1835. La caricature est un franc succès et on dénombre près de 250 numéros soit 2000 pages et 530 lithographies en cinq ans.

 caricature la 005Exemple d’un numéro.

                                  → Afin de lutter contre la censure royale et financer le journal Philipon fonda l’Association pour la liberté de la presse. En contrepartie, les personnes rejoignant cette association recevaient chaque mois une lithographie. La Caricature mena un combat contre la politique de Louis-Philippe Ier, ce qui fit qu’on la classa parmi les journaux satiriques engagés. Pour montrer son opposition, et afin de gagner en crédibilité tout en en faisant perdre à leur « ennemi », elle employa les meilleures caricaturistes de sa génération, dont Daumier. Il se fit un plaisir de caricaturer le nouveau roi. En voici l’exemple, le plus célèbre :

012Gargantua, Daumier (1831)

Cette caricature montre Louis-Philippe en Gargantua dévorant les écus récupérés de force au peuple, déjà très pauvres et très maigres. On note la présence d’élus, qui sous le trône, en profitent également. Elle valut à son auteur un séjour de six mois en prison, tout en lui assurant un début de notoriété.

La Caricature cessa de paraître, pendant un certain temps, suite à la promulgation des lois du 9 septembre 1835, rétablissant la censure et visant surtout les caricaturistes. En évoluant ,La Caricature se transforma en journal moins engagée, se tournant vers la caricature de mœurs. Le dernier numéro date de 1843

En plus de La Caricature, Philipon créa Le Charivari où il publia les fameuses ‘’Têtes en poire’’ de Louis-Philippe.

 

poir_phili          poire_typo_           poire-vieux

 

                                  → Dans ces cas précis, la caricature a un rôle plus qu’important. Elle sert à dénoncer et s’opposer au régime politique en place. De plus son succès montre bien que la caricature avait une place relativement importante à cette époque


 

III - Second empire

 

                                  → Sous le second empire, de 1852 à 1870, la censure revient au galop et atteint son paroxysme. En effet, si une quelconque personne est visée, il faut son accord avant de publier le dessin satirique. Même les caricatures de mœurs, épargnées jusque-là, ne peuvent être publiées sans autorisation. Ce n’est que quelques mois après la chute de l’empire, que des caricatures font leur apparition.

 

469423_1

La Ménagerie impériale. Napoléon III, Le Vautour (Lâcheté - Férocité). Paul Hadol (Vers 1870)

 

                                  → Cette caricature de Paul Hadol est la première du célèbre pamphlet satirique La Ménagerie impériale : composée des ruminants, amphibies, carnivores et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans, dans lequel les membres de la famille impériale et les grands dignitaires du Second Empire sont assimilés à des animaux et à leurs vices supposés.  Napoléon III y est caricaturé sous les traits d’un vautour sanguinaire tenant entre ses griffes une France éviscéré.

                                  → Plus de la moitié des revues satiriques disparaissent. Cependant on peut noter, la création du journal, en 1865, "Lune" par André Gill qui met à la mode le portrait chargé, soit l'accentuation des défauts phyisiques, technique très répandue de nos jours. Mais très vite, l'insolence de la revue et des portraits de Gill amènent à son interdiction par la censure. La "Lune" devient "L'éclipse" en 1868.

                                  → Nottons aussi le travail de Léon-Charles Bienvenu, dit Touchatout, journaliste et homme de lettres français, qui se fit connaître, en 1874, grâce à l’Histoire tintamarresque de Napoléon III, un recueil de vignettes satiriques mordantes et enjouées qui montre la vie politique et sociale sous l'empereur. Ces écrits peuvent être consultés sur le site la Bibliothèque Nationale de France.

                                  → Un homme osera très clairement s’opposer à Napoléon III. Il utilisa ses vers afin de discréditer le jeune empereur et il s’agit de Victor Hugo. Dans son recueil Les Châtiments, publié en 1853, nombreux sont les poèmes qui visent directement et sans détours Louis Napoléon Bonaparte, neveu de l’empereur Napoléon Ier. Il fut écrit au lendemain du coup d’état de l’ancien président, le premier de France d’ailleurs. Pour la petite histoire, il organisa cette ‘’rébellion’’ car il ne pouvait pas se représenter en tant que candidat pour un second mandat. Or, lui souhaitait encore diriger le pays. Et prendre le pouvoir de force fut sa seule solution. Pourtant ami, Hugo ne cautionne pas son comportement et ses décisions. Il décide de partir en exil et écrit une de ses meilleures œuvres.

497px-Les_chatiments

Dessin d’Honoré Daumier, hommage aux Châtiments de Victor Hugo (terrassant l’aigle impérial).


 

Nous nous concentrerons surtout sur la Chanson (VII,6).

 

Sa grandeur éblouit l'histoire.
      Quinze ans, il fut
Le dieu que traînait la victoire
      Sur un affût ;
L'Europe sous sa loi guerrière
      Se débattit. -
Toi, son singe, marche derrière,
      Petit, petit.

 

Napoléon dans la bataille,
      Grave et serein,
Guidait à travers la mitraille
      L'aigle d'airain.
Il entra sur le pont d'Arcole,
      Il en sortit. -
Voici de l'or, viens, pille et vole,
      Petit, petit.

 

Berlin, Vienne, étaient ses maîtresses ;
      Il les forçait,
Leste, et prenant les forteresses
      Par le corset ;
Il triompha de cent bastilles
      Qu'il investit. -
Voici pour toi, voici des filles,
      Petit, petit.

 

Il passait les monts et les plaines,
      Tenant en main
La palme, la foudre et les rênes
      Du genre humain ;
Il était ivre de sa gloire
      Qui retentit. -
Voici du sang, accours, viens boire,
      Petit, petit.

 

Quand il tomba, lâchant le monde,
      L'immense mer
Ouvrit à sa chute profonde
      Le gouffre amer ;
Il y plongea, sinistre archange,
      Et s'engloutit. -
Toi, tu te noieras dans la fange,
      Petit, petit.

 

 

                                  → Tout en s’inspirant des Fables de la Fontaine, pour le côté moralisateur et l’utilisation d’animaux, Hugo donne à ce poème une dimension polémique que n’avaient par les textes du fabuliste du XVIIe siècle : il cherche à déstabiliser un adversaire particulier. En comparant Louis-Napoléon à un singe, il le désigne comme le pâle imitateur de son oncle. Il montre toute la grandeur du règne de son aîné, faisant ainsi son éloge, puis le compare au sien, utilisant des termes péjoratifs. Le texte, à la fois ironique et satirique, tourne totalement Napoléon III en ridicule. Il caricature son règne, qui à commencer de la même façon que Napoléon Ier, sa vie et ses actions mais aussi sa chute, que Victor Hugo anticipe. Pour lui, il finira dans la boue, en disgrâce totale. La fable nous peint une description assez violente et comique, dirons-nous, le montrant comme un monarque sadique, obsédé par l’argent, la gloire quitte à laisser des gens mourir. C’est un faible, un « petit ». Telle est l’image de l’empereur que Victor Hugo veut léguer à l’histoire.


                                  →La caricature, et plus particulièrement la satire, politique se veut plus violente qu'auparavant. Nous pouvons penser qu'après des année des censures et fatigués des violences perpetuelles, les caricaturistes et autres auteurs satiriques, souhaite plusque jamais exprimer leurs opinions. Leurs paroles et leurs écrits trouvent échos dans toutes les mentalités. La caricature du XIX, prend donc de plus en plus de place dans le quotidien du peuple, car très en lien avec leurs pensées. De plus lorsqu'en 1881 la lois sur la liberté de la presse et de la caricature est de nouveau adopté, la presse d'opposition et de dénonciations politiques explosent comme "Le grelot", "La charge" ou encore "Le chambard". Ainsi les scandales politiques et les satires des moeurs vont passionner un public toujours plus nombreux.

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