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L'évolution de la caricature en France

L'évolution de la caricature en France
  • Bonjour! Nous sommes trois élèves de première littéraire de l'Institution Notre Dame (Valence). Ce blog est une production pour les T.P.E. dont la note comptera pour les épreuves anticipées du baccalauréat. Bonne visite! (Groupe 2.)
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15 février 2012

La caricature et les textes satiriques de nos jours...




Pour découvrir la suite et fin de l'évolution de la caricature, nous vous donnons rendez-vous le 28 ou 29 mars.

Nous vous présenterons ainsi, de façon claire et concise, la réponse à notre problématique!

A très bientôt !

 

 

 

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15 février 2012

La caricature au XXème siècle.

 

La caricature au XXème siècle


I. Première partie du siècle

                               → Le XXème siècle apporte à la caricature un vent nouveau. En effet, dès 1901, L’assiette au beurre, célèbre journal satirique, publie toute sorte de caricatures plus ou moins virulente selon les auteurs. Cette revue s’adressait aux bourgeois aisé situé politiquement à gauche. Et, si avant 1910, certaines idées étaient acceptées, avec la venue de la première guerre mondiale, le monde bourgeois les a rejetés. L’assiette au beurre est surtout remarquable pour les idées qu’elle défendait mais aussi pour la qualité de ses illustrations. Cependant, son prix trop élevé et  les débuts de la guerre la conduiront à sa fin le 12 octobre 1912. En effet, l’humeur n’est plus à l’ironie et la censure revient à la charge.

                                                                    

Ici, l'Assiette au Beurre stigmatise les profiteurs, exploiteurs. On voit un monstre horrible immense avec un ventre énorme dans lequel on aperçoit des pièces d'or, c'est la conception d'un homme profiteur.


                               → Et, le 4 aout 1914 éclate la Première Guerre Mondiale. La caricature retrouve alors un ton plus polémique et vient une arme majeure de propagande. Mais, il faudra attendre les premières victoires militaires pour que les caricatures refassent surface. Pour la plupart ce sont des dessins qui exaltent le courage de poilus dans les tranchées et stigmatise les Allemands. Tous les dessinateurs se mobilisent. C’est ainsi que naît le Canard Enchaîné le 10 septembre 1915. Celui-ci veut répondre à la propagande guerrière. Mais, après cinq numéros, la publication du journal se stoppe et il faudra attendre jusqu’au 16 juillet 1916 son envol définitif. Jeu de mots et ironie sont les armes propagandistes du Canard Enchainé plutôt apprécié.

                                  poilus

On voit ici, un soldat qui semble motivé et qui veut gagner la guerre. On a l'impression qu'il nous incite à venir avec lui, à l'aider. Cette affiche a un but financier. En effet, on demande à la population de donner leur argent pour faire la guerre. Et, montrer un soldat engagé, nous pousse à offrir l'argent gagné durement. Sur L'Illustration,  Les soldats sont alignés, les armes à la main, près pour le combat. La vision que nous renvoit tout ces dessins est l'image d'un homme courageux prêt à tout pour sauver son pays. Cela donne aussi l'envie de participer à la guerre d'une façon ou d'une autre.

 

 

                                → L’entre-deux guerre, elle, reste une période très riche pour les caricaturistes. Les horreurs de la guerre sont terminées, la population est donc plus encline à rire. Les dessinateurs s’en donnent à cœur joie. Mais, au fil du temps, la caricature se banalise. On la voit de partout, chaque journal, chaque magazine de l’époque publie au moins une caricature dans chaque numéro. La dessin se simplifie et va à l’essentiel. Il veut faire rire. 


II. Deuxième partie du siècle

                               → L'arrivée du Front Populaire et la poussée des extrèmes forcent à choisir son camp. La caricature, elle aussi, prend partie et cette différence entre les deux camps marquera à jamais la profession. La Seconde Guerre Mondiale eclate en 1939, la censure est réintroduite dans la presse française. Le début des hostilités en 1940 et la désignation du maréchal Pétain au pouvoir abolissent totalement la publication de caricatures. Mais, celles-ci sont toujours présentes, nottament pour les politiques de propagandes antisémites. Sous l'occupation, les Allemands contrôle absoluement tout et la surveillance de la presse ainsi que la censure vont porter un coup fatal à la caricature française. Elle ne sera alors qu'un moyen d'information mineur.  Cependant, la Belgique, pays où la liberté d'expression existe encore, va permettre l'apparition de la caricature politique.

                               → Le 8 mai 1945, c'est la fin de la guerre en Europe. La France n'est plus occupée et la liberté d'expression est réintroduite. Il faudra tout de même quelques années avant que l'humour ne revienne enfin. La caricature deviendra, en France, un dessin d'humour poétique et distrayant, satire de moeurs et bon enfant.

                                                    

Peynet, par exemple, caricature l'amour dans chacun de ses dessins. On ne pense plus à la guerre  et les dessinateurs veulent faire rêver et rire leurs lecteurs en 1950. D'autres dessinateurs tels Bellus, Bosc, Chaval ou encore Aldebert ont les mêmes principes que Peynet. Seul Dubout se démarque avec son humour grotesque et spécial.

                               → Petit à petite, la caricature s'essoufle, rattrapée par la photographie, le cinéma et l'arrivée de la télévision. Le nombre de dessinateurs diminuent considérablement et le seul journal satirique à subsister est le Canard Enchainé. 

 

                               → Il faudra attender les années 50 pour que la caricature redevienne politique. En effet, sous la Quatrième République (1946-1957), les différents gouvernement et les crises politiques se succèdent, alimentant les dessins satiriques. Nombreux sont les hommes politiques caricaturés. Nottament Charles de Gaulle, ce qui a participé à sa légende. 

                                   

On le voit le plus souvent avec un nez plutôt imposant et des oreilles assez grosse. Mais, cette caricature là n'est pas méchante. Elle déforme simplement les traits de son visage pour susciter chez nous un sourire ou même le rire. Or, la seconde caricature, elle, attaque l'ancien président. Il est vu comme le nombril du monde et le fait que l'on retrouve les éléments de la royauté (perruque, habits royaux...) nous amène à penser à Louis XIV, monarque absolu de France.

                               → En 1969, c'est l'arrivée du journal Hara-Kiri, annonçant un humour "bête et méchant" dans la satire politique à la suite de la guerre d'Algérie. Dans les années 60,  la liberté d'expression est maintes fois mise en avant. Les mentalités évoluent durant ce siècle et, on retrouve un humour politique très virulent. Hara-Kiri change de nom et devient Charlie-Hebdo. Le journal correspond parfaitement aux attentes des jeunes de "vouloir vivre autrement". De 1971 à 1974, la revue connait un franc succés. Et, en 1974, lorsque Georges Pompidou décéde, Charlie-Hebdo publie une caricature de celui-ci inapropriée. 

                                                               pompidou

On voit un président bouffi barré d'une grosse croix rouge. L'image choque, d'autant plus que Pompidou est décédé. 

                               → Après les élections présidentielles de 1981, on offre la possibilité à Charlie-Hebdo de reprendre le titre Hara-Kiri Hebdo. Mais le succès est moindre car les caricatures sont beaucoup moins présentes. C'est la fin pour Hara-Kiri Hebdo. De plus, les dessins de presse sont de moins en moins populaires et laissent ainsi la place aux humoristes. Coluche, par exemple, savait très bien utiliser toutes les ressources de la satire. S'inspirant de l'actualité, Coluche pratique l'art de la caricature au plus haut niveau grâce à sa mine inépuisable d'idées.

                               → La télévision, a pris la place à la presse écrite. Ainsi, apparaît en 1988, les Guignols de l'info, parodie du journal télévisé de TF1 qui traite tout types de sujets comme les médias, le monde politique, les personnalités ou plus généralement la société française et le monde actuel. Les Guignols de l'info ont un énorme impact sur la culture française. Sous la forme d'un journal télévisé, une marionette en latex présente le journal par l'info du jour avec la même formule tous les jours : "L'événement de ce .... c'est....". Ensuite le journal est lancé et une série de petits sketchs se succèdent. C'est en 1991 que l'émission prend son envol grâce à la guerre du Golfe. En effet, les Guignols de l'info est le seul journal à fournir une vision décalée de la guerre. Les gens veulent se libérer de l'ambiance pesante des journaux télévisés traditionnels. La parodie connaî alors son premier grand succès et non le dernier. En effet, lors des éléctions présidentielles, les Guignols destabilisent et influencent les gens qui regardent l'émission. En 2000, des sondages démontrent que plus de 15% des votants ont été influencé par les Guignols. Ainsi, la parodie du journal de TF1 est un outil politique puisque les gens sont conditionnés pour leur vote.

Les guignols de l'info

                               → Coté littéraire, de nombreux écrivains sont engagés et défendent leur point de vue lors des guerres. Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), est un auteur célèbre pour son nihilisme mais aussi pour ses pamphlets antisémites et pour ses collaborations sous l'Occupation. L'École des cadavres, est un des trois pamplets contre les juifs que l'auteurs a écrit, il date de 1938, soit un an avant l'explosion de la guerre. Pendant tout l'ouvrage, l'auteur explique dans une diatribe (dialogue à visée morale) que le monde entier est "enjuivé" et que c'est de là que viennent tous les maux de l'époque. Et, pour Céline, la solution est que le France se débrasse de tous ses juif et francs-maçons ainsi que de l'Allemagne nazie.

 « Moi, je veux qu'on fasse une alliance avec l'Allemagne, et tout de suite, et pas une petite...Union franco-allemande. Alliance franco-allemande. Armée franco-allemande... ».


                               → La caricature est, en réalité, un art qui ne dure pas sur le long terme. Elle existe grâce au contexte dans lequel elle se trouve. En situation de guerre, bien souvent, la caricature était censurée car elle représentait une véritable arme de propagande. Les affiches antisémites ont participer aux dégouts que les gens ont pu ressentir pour cette population. Et, de simple dessin de pressse, elle est passée à parodie d'un journal télévisé. Les mentalités ont évolué, les formes de caricatures aussi.

 

 

 

15 février 2012

La caricature au XIXème siècle.


La caricature au XIXème siècle.

 

I - L’épopée Napoléonienne

                                  → A partir du couronnement de l’empereur Napoléon Ier en 1804, la presse est censurée. Aucunes critiques ou caricatures, mettant en scène le nouveau dirigeant français ou ses action, ne sont tolérées.  On sait toutefois que la caricature anti-napoléonienne se développe  dans les pays opposés à sa politique,  le principal étant l'Angleterre. Voici un exemple :

048Napoléon Ier est ici représenté comme un homme insatiable. Il en veut toujours plus. Il se prépare à déguster tous les plats qui lui sont proposés. On constate qu’ils sont marqués des noms de pays que l’empereur a déjà conquis. Cependant il leur tourne le dos pour fixer le roast-beef, soit les terres anglaises, tout en préparant son couteau afin de le «déguster». Cette caricature dénonce donc cette appétit de toujours en vouloir plus, particulière à Napoléon Ier.

Mais revenons en France.  Comme précédemment dit, la caricature du chef de l’empire est interdite, sous peine de graves sanctions, comme l’emprisonnement voir la mort. Cependant lors de sa chute, la production reprend de plus belle. Les dessins satiriques explosent entre 1814 et 1815 mais s’arrêteront rapidemment à partir d’octobre 1815.

 

Du haut en bas

Du haut en bas... ou les causes et les effets Anonyme (1814)

 Cette satire représente Napoléon sur des échasses. Il passe du château de Madrid à celui de Moscou et perd un globe et son sceptre. On reconnait le château de Fontainebleau au dernier plan. Cette caricature, dans un certain sens pourrait être relié à celle vu précédemment puisque la encore on nous expose ce côté « toujours plus » de Napoléon. Il navigue entre toutes ses conquêtes et finit par tomber. Cela fait écho à l’évènement majeur de 1814, l’abdication de l’empereur. C’est la chute de l’aigle.

En voici d’autres :

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Les habitants de St Hélène prennent la fuite à la vue de leur nouveau souverain. Lacroix

« Chevauchant un chat, le maréchal Ney, Napoléon se pose en libérateur des rats de Sainte-Hélène, dont l’armée s’apprête à combattre. Libération ou invasion, voilà toute la question que suscite cet ensemble de caricatures mettant en scène les chats et les rats, selon les principes de la fable. En fait, la duplicité du chat, et donc de Napoléon est manifeste : Ney s’apprête à se « remplumer », c’est-à-dire à croquer les rats. »

Source : http://www.napoleon.org/fr/hors_serie/caricatures/caricatures6.htm

 435209_1C’est la cravate de papa. Lacroix

 Celle-ci montre le roi de Rome, le fils de Napoléon Ier tendant une corde, surnommé la cravate, à un buste de Napoléon ornée d’oreilles de diable. Cette corde reflète le souhait de certain, voulant la mort de l’ancien empereur.

 

II - La Monarchie de Juillet

                                  → De 1830 à 1835, la monarchie de Juillet fraichement mise en place, tente de maîtriser les mouvements de la rue et les contestations politiques. Mais le principal ennemi de ce régime est bien sûr la presse. Les journaux, en pleine croissance, profitent de leur nouvelle liberté, stipulée dans la Charte de 1830 : « Le droit des Français de publier et de faire imprimer leurs opinions en se conformant aux lois ». A parti de 1830 donc, sous le règne de Louis-Philippe Ier, la liberté d’expression est libre comme jamais et c’est le 4 novembre de cette même année que paraissent les premières pages du journal satirique « La Caricature », sous le titre La Caricature morale, religieuse, littéraire et scénique. Il fut fondé et dirigé par Charles Philipon jusqu'en 1835. La caricature est un franc succès et on dénombre près de 250 numéros soit 2000 pages et 530 lithographies en cinq ans.

 caricature la 005Exemple d’un numéro.

                                  → Afin de lutter contre la censure royale et financer le journal Philipon fonda l’Association pour la liberté de la presse. En contrepartie, les personnes rejoignant cette association recevaient chaque mois une lithographie. La Caricature mena un combat contre la politique de Louis-Philippe Ier, ce qui fit qu’on la classa parmi les journaux satiriques engagés. Pour montrer son opposition, et afin de gagner en crédibilité tout en en faisant perdre à leur « ennemi », elle employa les meilleures caricaturistes de sa génération, dont Daumier. Il se fit un plaisir de caricaturer le nouveau roi. En voici l’exemple, le plus célèbre :

012Gargantua, Daumier (1831)

Cette caricature montre Louis-Philippe en Gargantua dévorant les écus récupérés de force au peuple, déjà très pauvres et très maigres. On note la présence d’élus, qui sous le trône, en profitent également. Elle valut à son auteur un séjour de six mois en prison, tout en lui assurant un début de notoriété.

La Caricature cessa de paraître, pendant un certain temps, suite à la promulgation des lois du 9 septembre 1835, rétablissant la censure et visant surtout les caricaturistes. En évoluant ,La Caricature se transforma en journal moins engagée, se tournant vers la caricature de mœurs. Le dernier numéro date de 1843

En plus de La Caricature, Philipon créa Le Charivari où il publia les fameuses ‘’Têtes en poire’’ de Louis-Philippe.

 

poir_phili          poire_typo_           poire-vieux

 

                                  → Dans ces cas précis, la caricature a un rôle plus qu’important. Elle sert à dénoncer et s’opposer au régime politique en place. De plus son succès montre bien que la caricature avait une place relativement importante à cette époque


 

III - Second empire

 

                                  → Sous le second empire, de 1852 à 1870, la censure revient au galop et atteint son paroxysme. En effet, si une quelconque personne est visée, il faut son accord avant de publier le dessin satirique. Même les caricatures de mœurs, épargnées jusque-là, ne peuvent être publiées sans autorisation. Ce n’est que quelques mois après la chute de l’empire, que des caricatures font leur apparition.

 

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La Ménagerie impériale. Napoléon III, Le Vautour (Lâcheté - Férocité). Paul Hadol (Vers 1870)

 

                                  → Cette caricature de Paul Hadol est la première du célèbre pamphlet satirique La Ménagerie impériale : composée des ruminants, amphibies, carnivores et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans, dans lequel les membres de la famille impériale et les grands dignitaires du Second Empire sont assimilés à des animaux et à leurs vices supposés.  Napoléon III y est caricaturé sous les traits d’un vautour sanguinaire tenant entre ses griffes une France éviscéré.

                                  → Plus de la moitié des revues satiriques disparaissent. Cependant on peut noter, la création du journal, en 1865, "Lune" par André Gill qui met à la mode le portrait chargé, soit l'accentuation des défauts phyisiques, technique très répandue de nos jours. Mais très vite, l'insolence de la revue et des portraits de Gill amènent à son interdiction par la censure. La "Lune" devient "L'éclipse" en 1868.

                                  → Nottons aussi le travail de Léon-Charles Bienvenu, dit Touchatout, journaliste et homme de lettres français, qui se fit connaître, en 1874, grâce à l’Histoire tintamarresque de Napoléon III, un recueil de vignettes satiriques mordantes et enjouées qui montre la vie politique et sociale sous l'empereur. Ces écrits peuvent être consultés sur le site la Bibliothèque Nationale de France.

                                  → Un homme osera très clairement s’opposer à Napoléon III. Il utilisa ses vers afin de discréditer le jeune empereur et il s’agit de Victor Hugo. Dans son recueil Les Châtiments, publié en 1853, nombreux sont les poèmes qui visent directement et sans détours Louis Napoléon Bonaparte, neveu de l’empereur Napoléon Ier. Il fut écrit au lendemain du coup d’état de l’ancien président, le premier de France d’ailleurs. Pour la petite histoire, il organisa cette ‘’rébellion’’ car il ne pouvait pas se représenter en tant que candidat pour un second mandat. Or, lui souhaitait encore diriger le pays. Et prendre le pouvoir de force fut sa seule solution. Pourtant ami, Hugo ne cautionne pas son comportement et ses décisions. Il décide de partir en exil et écrit une de ses meilleures œuvres.

497px-Les_chatiments

Dessin d’Honoré Daumier, hommage aux Châtiments de Victor Hugo (terrassant l’aigle impérial).


 

Nous nous concentrerons surtout sur la Chanson (VII,6).

 

Sa grandeur éblouit l'histoire.
      Quinze ans, il fut
Le dieu que traînait la victoire
      Sur un affût ;
L'Europe sous sa loi guerrière
      Se débattit. -
Toi, son singe, marche derrière,
      Petit, petit.

 

Napoléon dans la bataille,
      Grave et serein,
Guidait à travers la mitraille
      L'aigle d'airain.
Il entra sur le pont d'Arcole,
      Il en sortit. -
Voici de l'or, viens, pille et vole,
      Petit, petit.

 

Berlin, Vienne, étaient ses maîtresses ;
      Il les forçait,
Leste, et prenant les forteresses
      Par le corset ;
Il triompha de cent bastilles
      Qu'il investit. -
Voici pour toi, voici des filles,
      Petit, petit.

 

Il passait les monts et les plaines,
      Tenant en main
La palme, la foudre et les rênes
      Du genre humain ;
Il était ivre de sa gloire
      Qui retentit. -
Voici du sang, accours, viens boire,
      Petit, petit.

 

Quand il tomba, lâchant le monde,
      L'immense mer
Ouvrit à sa chute profonde
      Le gouffre amer ;
Il y plongea, sinistre archange,
      Et s'engloutit. -
Toi, tu te noieras dans la fange,
      Petit, petit.

 

 

                                  → Tout en s’inspirant des Fables de la Fontaine, pour le côté moralisateur et l’utilisation d’animaux, Hugo donne à ce poème une dimension polémique que n’avaient par les textes du fabuliste du XVIIe siècle : il cherche à déstabiliser un adversaire particulier. En comparant Louis-Napoléon à un singe, il le désigne comme le pâle imitateur de son oncle. Il montre toute la grandeur du règne de son aîné, faisant ainsi son éloge, puis le compare au sien, utilisant des termes péjoratifs. Le texte, à la fois ironique et satirique, tourne totalement Napoléon III en ridicule. Il caricature son règne, qui à commencer de la même façon que Napoléon Ier, sa vie et ses actions mais aussi sa chute, que Victor Hugo anticipe. Pour lui, il finira dans la boue, en disgrâce totale. La fable nous peint une description assez violente et comique, dirons-nous, le montrant comme un monarque sadique, obsédé par l’argent, la gloire quitte à laisser des gens mourir. C’est un faible, un « petit ». Telle est l’image de l’empereur que Victor Hugo veut léguer à l’histoire.


                                  →La caricature, et plus particulièrement la satire, politique se veut plus violente qu'auparavant. Nous pouvons penser qu'après des année des censures et fatigués des violences perpetuelles, les caricaturistes et autres auteurs satiriques, souhaite plusque jamais exprimer leurs opinions. Leurs paroles et leurs écrits trouvent échos dans toutes les mentalités. La caricature du XIX, prend donc de plus en plus de place dans le quotidien du peuple, car très en lien avec leurs pensées. De plus lorsqu'en 1881 la lois sur la liberté de la presse et de la caricature est de nouveau adopté, la presse d'opposition et de dénonciations politiques explosent comme "Le grelot", "La charge" ou encore "Le chambard". Ainsi les scandales politiques et les satires des moeurs vont passionner un public toujours plus nombreux.

15 février 2012

La caricature au XVIIIème siècle.

La caricature au XVIIIème

 

                 Le XVIIIème siècle ou siècle des Lumières amène en France, des idées révolutionnaires contre la monarchie du Duc d’Orléans et ensuite contre Louis XVI. Les bases de la société sont alors complétement remises en cause. Ainsi, une littérature d’idée se met progressivement en place et les écrivains luttent pour la liberté d’expression. Les mentalités ayant évoluées depuis le siècle dernier, la caricature est, au XVIIIème, en plein essor.


                 Les raisons du succès des images satiriques, sont simples. Au XVIIIème, on retrouve une France fragilisée par la dette publique que Louis XIV a fait subir à son peuple et que le Duc d’Orléans n’arrive pas à gérer. De ce fait, quand Louis XVI accède au trône, les caisses de l’Etat sont vides mêmes si la France, elle, est riche.  Le roi décide alors de lever de nouveaux impôts en 1788 et fait appel aux Etats Généraux. De plus, l’inégalité des classes sociales (le Tiers-Etat, le Clergé et la Noblesse) révoltent un peu plus les paysans contre le régime politique de l’époque, ils refusent la monarchie. Le peuple ne faisant plus confiance en son roi du fait de ses nombreux scandales (l’affaire du collier par exemple), décide de se rebeller. On peut alors exprimer ses opinions ouvertement et les artistes décident de le faire à travers les caricatures. La plupart dénonce les inégalités entre les différentes classes sociales de l’époque. 

Une des plus célèbres caricatures: Le Tiers-Etat supportant le Clergé ainsi que la Noblesse.

Tiers-Etat

Une autre, critiquant les excès de la Noblesse.

Marie-Antoinette

                 A cette époque, l'un des principes de base de la caricature apparaît : la schématisation. Elle permet d'aller droit à l'essentiel. Les caricaures, au XVIIIème, développent un sentiment d'injustice donnant une idée des changements à apporter à la société. La caricature va donc, à sa manière, participer à l'explosion sociale et politique de la France. Celle ci va contribuer à la propagation de idées révolutionnaires en prenant le parti du Tiers-Etat. Cependant, la censure établit par la monarchie est toujours présente. Le roi ne peut donc être visé et, le clergé devient alors une des cibles favorites des artistes. 

Clergé          clergé 3

                 Un dernier scandale de Louis XVI, retournera la situation. Sa fuite et son arrestation à Varennes en juin 1791 déclenchera un déferlement d'images moqueuses envers le roi. Il est montré tel un homme faible, gros et surtout incapable de gérer un pays convenablement.

 .

 

Les textes satiriques, eux aussi, dénoncent la disparité entre les trois classes sociales.

                 Beaumarchais, une des figures emblématiques du siècle des Lumières, fonde la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques en 1777 dans laquelle il milite. Cette société a pour but de donner aux artistes des droits d'auteurs. En 1778, il écrit le Mariage de Figaro, une comédie en cinq actes qui dénonce les privilèges archaïques de la noblesse. Après six années de censure, la première représentation officielle de la pièce est donnée le 27 avril 1784 au théâtre de l'Odéon, un signe avant-coureurs de la Révolution. La pièce raconte l'histoire de Figaro, au service du comte Almaviva. Il doit se marier avec Suzanne à qui le comte fait des avances, avec le désir de restaurer le droit de cuissage qui permet au seigneur de goûter aux charmes de toute jeune mariée avant le mari. Cependant, le comte se ridiculise devant tout le village et Figaro se marie avec Suzanne. Ainsi, Beaumarchais, sous l'apparence de Figaro dénonce les abus des nobles. Ils se pensent tout permis car leur rang social est élevé. Cependant ce sont des hommes. Un des moments clés de la comédie est le monologue de Figaro à l'acte V, scène 3 avec un passage qui cite toutes les accusations portées à la noblesse avant la Révolution.

Un extrait : « Parce que vous êtes un grand Seigneur, vous vous croyez un grand génie !... Noblesse, fortune, un rang, des places : tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus... ». Ici, Figaro critique l'injustice sociale. En effet, celle-ci ne repose que sur un seul critère : le hasard de la naissance. Mais ce que veut Figaro, c'est la reconaissance de son travail. Or, le mérite personnel, à l'époque, n'est pas pris en compte.

 

                 La caricature a donc trouvée un nouvel essor durant la période révolutionnaire puisqu'elle a jouer un rôle d'information mais aussi de mobilisation. La caricature a ainsi eu une grande influence sur le peuple et a alors participé à la Révolution Française de 1789. Elle avait pour but d'appeler la population à se rebeller. De plus, des auteurs tels que Beaumarchais choisissaient de se cacher derrière un de leurs personnages afin de critiquer la société et le régime politique. Une adresse beaucoup moins violente et aggressive aux personnes concernées mais avec le même impact.

15 février 2012

La caricature au XVIIème siècle.

La caricature au XVIIéme siècle

 

                                       → Ce que l'on retient du 17ème siècle, c'est, bien sûr, la montée en puissance de l'absolutisme sous le règne de Louis XIV (1643 - 1715). En France, la liberté d'expression a une place plus que limitée, surtout depuis que la censure est légalisée en 1629 par le cardinal Richelieu. Elle est quasi-inexistante sous le règne du Roi Soleil. De ce fait, très peu d'attaques caricaturales ont été faites sur sa personne. Les agents de Gabriel Nicolas de la Reynie, le premier lieutenant général de police de Paris, veillaient à ce qu'aucunes critiques ne soient faites, empêchant toutes tentavies de révolte. Cependant, quelques documents, venus surtout des Provinces-Unies (Pays-Bas, une partie de la Belgique...), ont pu circuler, comme en témoigne la collection d'un certain baron de Puechemeck, qu'il avait réunie au début du XVIII (fin du règne de Louis XIV). Mais lorsque la police du roi le découvrit, le baron fut jeter, quelque temps, dans la prison de la Bastille,et sa collection saisie, considérées comme injurieuses. D'où le fait que l'on ne retrouve aucunes caricatures (peintures, sculptures) du temps du roi.

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 Portrait de Louis XIV par Charles Le Brun (1661)


                                   → Les attaques sont donc centrées sur la bourgeoisie et les mœurs. Au XVIIème siècle, la première personne qui nous vient à l'esprit quand on parle de caricature ou de textes à inspiration satiriques c'est bien sûr Molière, né Jean Batiste Poquelin (1622-1673). Il produit plus de cinquante pièces de théâtre, laissant souvent une grande place à l'improvisation. Il "imposa" les techniques de la Commedia dell’arte comme référence pour ses comédies, qui furent sa spécialité. Dans celle-ci, il s'illustre comme grand satiriste des comportements de ses contemporains. On appelle ça des comédies de moeurs. Prenons l'exemple de la pièce, le Tartuffe. Écrite en 1664, cette pièce fit scandale, et la Reine Mère la fit interdire jusqu'à sa mort. Après cela, Molière la représenta et elle connut un succès populaire immense. Mais pourquoi fut-elle interdite ? Quels liens avec la caricature ?

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Le Tartuffe, ou l'Imposteur, Molière. Edition de Jean Ribou (1669)

Cette pièce démontre clairement l’opposition du dramaturge face à la Compagnie du Saint-Sacrement, qui est, d’ailleurs, surtout connue par ses attaques contre le Tartuffe. Molière y caricature les « faux dévots » et l'hypocrisie religieuse à travers le principal personnage de Tartuffe qui profite, sous couvert de la fausse vertu religieuse, de la faiblesse des esprits, Orgon notamment, et prend la direction des consciences et des pensées. Faut-il rappeler qu'Orgon perdit tous ses biens dans la première version de la pièce ? De cette façon, il décrédibilise les hommes de foi. La reine Anne d'Autriche, qui fut régente au début du règne de Louis XIV, de 1643 à 1651, est le principal soutien de la Compagnie. Elle fit donc interdire la pièce à partir de 1664, juger trop critique envers la religion. Après une réécriture en 1667, c'est l’archevêque de Paris, Hardouin de Péréfixe de Beaumont, qui la censure, menaçant d’excommunication les personnes qui oseraient aller voir la pièce, reprochant à celle-ci d’être une critique virulente de la religion. Molière put finalement rejouer Tartuffe avec le soutien du roi, à partir de 1669, suite à la mort de La Reine Mère ainsi que la dissolution officielle de la Compagnie. On peut expliquer que cette satire de la dévotion ait plu au roi, excédé par les remontrances à répétition des dévots à l'égard de sa conduite et en particulier de ses amours.  Cette pièce est tenue pour l'une des comédies majeures du répertoire universelle. Molière y déploie une vision subtile et sans complaisance sur son époque et ses contemporains.

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 Portrait de Molière par Pierre Mignard (1658).

                                → Mais si Molière critique, il est lui-même victime des caricatures. Quelques années plus tard, au terme de « l’affaire du Tartuffe », est imprimé Élomire hypocondre, pièce satirique d’un certain Le Boulanger de Chalussay, dont on sait bien peu de chose. Molière y est moralement présenté comme un personnage au caractère difficile, obsédé par le cocufiage, dur et hautain. Son aspect physique y est également caricaturé: « Élomire, frappé par la maladie, est très amaigri, et ses bras qui naguère étaient de vrais gigots […] ne sont que des os […] plus secs que vieux squelettes.». L'arroseur est arrosé.

 

                               →Au XVIIème, on note aussi le travail de La Fontaine et ses Fables. La caricature des personnes par des animaux assure à La Fontaine une sécurité contre la censure et les poursuites. Mais le lecteur peut facilement voir la relation entre ces êtres de fictions et des personnes réelles. Dans Les Obsèques de la lionne, en 1668, le roi est symbolisé par le lion. Il est dépeint par La Fontaine, comme un être orgueilleux et naïf alors que la cour est les nobles sont décrits comme des êtres hypocrites et qui se plient aux exigences du roi. Il y établit ainsi une satire, voir une caricature, de la royauté mais surtout de l’hypocrisie des courtisans et de la cour. Il se place donc en moralisateurs, comme dans toutes ses fables.

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Illusration de la fable Les Obsèques de la Lionne par J.J. Grandville.


Au XVIIème siècle donc, la caricature a une place très limité. Le contrôle du roi, très pesant, empéché toutes opinions contraires de se développer. Cependant, en usant de subtilité, on pouvait attaquer sans se faire réprimender, comme avec l'exemple de Jean de la Fontaine. Sinon, il fallait faire comme Molière et se pencher sûr les moeurs et habitudes pour mieux les tourner en dérision.

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15 février 2012

Les débuts de la caricature.

Les débuts de la caricature


La caricature a toujours été présente dans notre société mais pas forcément sous forme de dessins. Les Grecs, les Romains et les Egyptiens en dessinaient déjà sur leurs vases et leurs papyrus. Souvent, la représentation du corps était difformes, dans des poses suggérant une forme de souffrance. Ils étaient bossus, obèses, etc. Certains pensent qu'ils était fait pour servir comme modèle à la médecine. Mais il pourrait plus simplement s'agir de caricatures destinées à faire rire.

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Femme obèse tenant une jarre de vin, Kertch (Ukraine), deuxième moitié du IVème siècle avant Jésus-Christ.


En France, la caricature remonte à l’époque des gaulois qui fabriquent des poteries en forme de personnages avec des têtes de singe, ce qui déjà, était une forme d'auto-dérision et donc de caricature. La caricature se poursuit au Moyen-Age et s’attaque cette fois-ci à la foi (épargnée jusqu'à présent) en symbolisant de façon caricaturale les diables, renards et autres mauvais instincts… C’est n’est que fin XIIIe que les caricatures sous forme de dessins apparaissent sans être obligatoirement reliées à un texte. Déjà, les caricaturistes s'en prenaient au pouvoir...

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Roman de Fauvel,
Gervais du Bus, France, XIVe siècle

Philippe IV le Bel (ou Enguerrant de Marigny) est ici caricaturé par une tête d'âne. Certains le disent méchant et pervers et pour le prouver, ils utilisent les six lettres du nom, Fauvel, pour former des anagrammes. Il en ressort six vices : Flatterie, Avarice, Vilenie, Variété (Vélléité), Envie, Lâcheté. Il fut accompagné d'un texte satirique, composé peu après 1316.

La caricature va s’étendre au XVIe siècle grâce à l’invention de l’imprimerie et l’arrivée du papier en Europe, ainsi les caricatures peuvent être diffusées en plus grand nombre dans tout le royaume de France. A ce moment-là, la caricature touche essentiellement l’Eglise puisque c’est elle qui gère les impressions mais au fil du temps, les caricatures vont se diversifier pour devenir celles que l’on connaît actuellement : Des expressions de moqueries du peuple et de la vie quotidienne. Durant la Renaissance, le Roi François Ier autorise la caricature et sa diffusion mais cela finit par le déranger et c’est en 1520 que les premières censures de caricatures ont lieu. Sous Henri III, en 1574, le Parlement détruit toute image polémique qui s’adresse au peuple. Henri IV suivra la même ligne de conduite puisque il fera détruire toutes les caricatures contre son règne.

15 février 2012

Introduction

Introduction

La caricature, description qui se veut comique ou satirique, existe depuis des siècles. La caricature vient du mot latin latin populaire caricare et signifie "charger, exagérer". Ce terme de caricare a été employé pour la première fois dans la préface d’un album d’Annibal Carrache en 1646. Il donnera les mots français charge et caricature, ce dernier mot apparaissant pour la première fois dans les Mémoires de d'Argenson en 1740.. Cependant, on ne sait pas quand, ni où, elle a commencé à voir le jour. Toutefois, nous savons qu'elle était déjà présente dans les sociétés grecs et romaines.

Pauson, caricaturiste grec datant du Vème siècle avant J-C, est le premier à être reconnu comme tel. Ainsi la caricature, dessin populaire car souvent grotesque à traversser les siècles. Alors comment cet art a-t-il pu, si vite prendre autant de place en France ? La caricature a beaucoup évolué, changé, autant dans la forme que dans le fond et ceux grâce aux évenements historiques et inventions technologiques. Pour répondre à cette question nous allons retracer toute son histoire...

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